La maison des plaisirs

Malgré le quartier dans lequel elle est située, malgré aussi son nom et ce que peuvent en penser les habitants, la maison des plaisirs ressemble plus à une vaste propriété qu'à un bordel de bas étage.

Tout d'abord elle est située légèrement en retrait du quartier en lui même. Une petite route y conduit et débouche sur de longs murs blancs. Si l'on continue à les suivre, on arrive devant un portail à côté duquel une stèle vous invite à passer un agréable moment.


Les portes s'ouvrent, vous pénétrez dans un jardin agréable dans lequel se promène de jeune femmes accompagnées d'hommes de toutes castes
Puis vous arrivez enfin devant la maison en elle-même, et si vous désirez continuer l'exploration du jardin, un petit chemin vous conduira au pavillon du thé caché parmis les arbres.

Comme chaque jour Akemi était penchée sur un rouleau sur lequel de nombreux caractère était dessiné. Celui-ci était le récapitulatif des comptes du mois dernier.
Un pli barra le front blanc, un point restait obscur, elle se pencha alors vers un jeune homme agenouillé à côté d'elle et lui parla tranquilement. Celui-ci lui apporta les précisions demandées.
Satisfaite, Akemi rendit le rouleau au jeune homme qui après un dernier salut, s'esquiva pour aller le remettre à sa place.

La jeune femme se redressa et observa de ses yeux noirs la pièce.
On venait de refaire la décoration, et de nouveaux panneaux peints couvraient désormais les murs. Son regard s'attarda sur l'un d'entre eux, une scène représentant une grue recourbant son cou gracile pour voir la lune brillant au dessus d'un pin. C'était celui-ci qu'elle appréciait le plus, et elle avait été heureuse de pouvoir l'acquérir, c'était d'ailleur lui qui lui avait fait changé l'intérieur au grand dam du personnel.

La main qui avait tenu le rouleau ouvert alla caresser la natte d'un vert pâle, tel les brins de l'herbe printannière. Tout le sol de la pièce était recouvert de cette couleur chatoyante, et avec les peintures on aurait pu se croire dehors dans le jardin.

Un rire, d'ailleur, raisonna dans l'air, féminin, Akemi reconnut l'une de ses jeunes filles, une voix masculine y répondit. Puis un bruit de pas se fit entendre, croissant, puis décroissant lorsque le couple dépassa la pièce dans leur promenade.

Cela lui donna envie d'aller dehors. Elle se leva alors pour prendre l'air.
Le jardin était reposant, tranquille malgré les voix qui s'y élevaient.
Akemi se rendit tranquilement vers un banc situé sous un bel arbre. Elle s'y assit et son regard plongea vers la pièce d'eau juste à côté dans laquelle se prélassaient quelques carpes rouges et or. Tandis que les yeux suivaient le lent mouvement des poissons, l'esprit quand à lui réfléchissait à la façon d'augmenter les revenus.
Mais qui pouvait y penser en voyant la jeune femme ainsi posée dans l'écrin de son jardin ? Qui ?

Alors que la rue devant la Maison des Plaisirs se tenait, comme toujours, calme et serein, une rumeur rapide et soudaine passa comme un coup de vent parmi ses locataires. Tous sortirent bien vite de chez eux, cherchant à savoir si on s'était payé leur tête. Quelques instants passèrent sans que rien n'arrive pour troubler le silence, puis une troupe d'une quinzaine de cavaliers en armures passèrent l'intersection pour venir dans leur direction. Le Seigneur Otori rendait visite à la Maison des Plaisirs. Dans le silence révérencieux qui s'était maintenant installé, le cortège avança cérémonieusement. En tête de la colonne de chevaux, le Seigneur avançait, fier et droit, sur la selle de son cheval. Derrière lui avançaient quelques uns des meilleurs soldats de sa cavalerie, chargés de l'escorter dans cette sortie. Au fur et à mesure qu'il approcha de l'endroit où il se rendait, les têtes se courbèrent parmi la foule. Bien qu'il ne soit pas ce qu'on puisse appeler un Seigneur jeté à corps perdu dans les problèmes de son peuple, comme tous ceux avant lui, il n'en restait pas moins leur seigneur. Leur respect envers leur maître déciderait de la qualité de leur avenir. La procession avança, et arriva finalement devant le bâtiment qui servait d'entrée à la Maison des Plaisirs. Katsumoto leva la main d'un geste ferme, et tous les cavaliers s'arrêtèrent en même temps que lui.

Le Seigneur Otori tourna la tête, et observa ce qui se présentait à lui. Il observa la structure des bâtiments qu'il voyait depuis son emplacement, les arbres qui s'étiraient paresseusement au dessus de l'ensemble. Après un moment, il descendit de son cheval avec lenteur, et tendit les rênes de sa monture au cavalier le plus près. Il commença à avancer sur le chemin qui menait à l'entrée, suivi bien vite par ceux de ses cavaliers qui ne restèrent pas sur place pour garder les chevaux. Les portes s'ouvrirent avec douceur devant lui, et toutes les personnes présentes baissèrent la tête en signe de respect lorsqu'il entra. Il arrêta au passage une jeune femme qui passait, et dit:

-Conduis moi donc auprès de la maîtresse de ce lieu.

Celle-ci hocha la tête, soumise, et leur fit gracieusement signe de la suivre. Ils la suivirent dans quelques couloirs peut parcourus, toujours salués par les rares passants qu'ils croisaient, et arrivèrent au bout de quelques moments devant une entrée en plein air où se trouvait un magnifique étang encadré par une grande variété de plante, d'arbres et d'arbustres. S'arrêtant de marcher, la jeune femme qui les avait guidés se retourna vers eux, et désigna un femme assise sur un banc devant l'étang. Elle semblait perdue dans ses pensées en contemplant la surface de l'eau. Leur jeune guide les salua, puis partit après un signe du Seigneur.

Katsumoto pénétra dans le jardin, et avança lentement en regardant la végétation tout autour de lui. Cet endroit méritait fortement sa réputation quant à son ''apparence de rêve'', comme le disaient ses conseillers. Il arriva finalement à envrion deux mètres de la jeune femme assise devant lui, et prit la parole.

-Pourrais-je vous interrompre dans vos pensées, mademoiselle.... Akemi, si je me souviens bien?

Il croisa les doigts devant lui, et attendit une réaction de la part d'Akemi.

Une voix la tira de ses songes. Tournant légèrement la tête Akemi reconnu Katsumoto Otori. Elle se leva alors et se tournant vers lui tomba à genoux pour s'incliner jusqu'au sol, les mains jointes sur lesquelles son front vint s'appuyer, marquant ainsi son respect pour le Chef du Clan. Elle attendit ensuite que le jeune Seigneur lui donne la permission de se relever.

"Vous êtes ici chez vous Seigneur"

Malgré sa position, ses yeux avaient eu le temps de voir qu'il était accompagné de deux soldats. Son esprit se mit en marche, pourquoi était-il venu ? Elle n'avait rien fait d'illégal. Néanmoins elle cherchait dans les tréfonds de sa mémoires ce qui aurait pu déplaire au clan Otori. Et puis une autre pensée vint se mettre en place, serait-il possible qu'il soit venu ici en tant que client ? Impossible se dit-elle, mais pourtant cette solution lui paraissait la plus envisageable.

Un petit insecte passa juste sous son cou à sa vue, Akemi eu un petit rictus de dégoût, heureusement invisible pour le jeune homme et sa suite. Elle espérait qu'il ne tarderait pas trop à lui permettre de se relever. En attendant elle en profita pour immaginer ce qu'il pourrait lui demander en tant que client. Sa mémoire passa en revue les différentes filles disponibles aujourd'hui. Mais quelles pensées malsaines, Akemi les chassa bien vite de sa tête pour ne plus se concentrer que sur l'homme en face d'elle, qui désirait lui parler.
Elle immagina la tête de ses voisins lorsque le seigneur était arrivé avec sa suite, en effet impensable qu'il ne soit venu qu'avec deux soldats, d'autres devaient attendre dehors. Il faudra qu'elle pense à leur envoyer une servante avec des rafraichissement : il faisait chaud aujourd'hui.
Et en effet le soleil caressait de ses rayons la nuque blanche d'Akemi que sa position avait dégagée de son opulente chevelure. Pas de nuages, seulement un ciel bleu magnifique. Un oiseau se fit entendre, une grive d'après le chant, et elle était tout près. Les yeux noirs d'Akemi la chercha dans les buissons, mais elle resta invisible. La jeune femme refixa donc le sol en fermant les yeux, car cette vision trop près était plutôt désagréable. Son souffle était calme, serein, elle voulait par son maintien montrer qu'elle n'avait rien à cacher, rien à se repprocher. Elle était une femme dirigeant un commerce, aussi particulier soit-il.
Un bruit, les yeux se réouvrèrent, le Seigneur avait bougé et elle voyait ses pieds se déplacer. Il avancait vers elle, elle attendit.

Katsumoto regarda Akemi un moment, inclinée comme elle l’était, le visage sur le sol. Il était certain qu’elle devait se demander la raison de sa présence ici, car il n,était pas dans ses habitudes de venir dans ce genre d’endroit. Il lui revenait donc le devoir de l’éclairer sur ce point. Il s’avança calmement, souplement, vers la jeune femme étendue sur le sol en attendant un signe qui l’inciterait à ce relever, et il lui dit :

-Relevez-vous, je vous prie.

Il marqua une pause, puis rajouta :

-La terre ne doit pas être la meilleure chose à savourer.

Il tourna la tête derrière lui, et il ordonna aux deux soldats qui l’accompagnaient de les laisser. Il hochèrent la tête, puis saluèrent leur seigneur avant de tourner les talons avec un synchronisme tout à fait militaire, pour ensuite se poster de chaque côté de l’entrée du jardin, immobiles et vigilants. Le Seigneur Otori reporta son attention sur Akemi, et il l’observa, lentement comme toujours. Il passa à côté d’elle, et alla se poster face à l’étang, dont les ‘’habitants’’ semblaient avoir pris conscience qu’il se passait quelque chose, et se mouvaient avec vitesse et nervosité dans leur bassin. Après un moment de contemplation silencieuse, Katsumoto regarda doucement la maîtresse des ces bâtiments.

-Je souhaiterais connaître par moi aussi ce lieu si fantastique, vanté fort souvent par les gens de ma demeure.

Il fit face à Akemi, et lui sourit, après un court instant.

-Me feriez vous le plaisir de me guider dans cet endroit? Je souhaite fortement avoir tous les détails possibles.

Il croisa les bras derrière son dos, et reporta quelques secondes son attention sur les êtres aquatiques qui se trémoussaient dans l’eau claire et limpide du bassin à sa gauche. Il regarda ensuite avec intérêt les détails qu’il n’avait pas pris soin de regarder autour de lui lorsqu’il était entré dans ce jardin. Il regarda finalement de nouveau Akemi, et attendit patiemment sa réponse.

Il lui demanda de se relever, elle s’exécuta et ne pu empêcher qu’un mince sourire vienne orner son visage à sa remarque. En effet la terre n’était pas ce qu’il y avait de mieux en saveur. Remettant en place les plis de son kimono et enlevant par la même occasion les brins d’herbe qui y était accroché, elle s’approcha de sir Katsumoto.

« En effet, il y a bien meilleur »

Son regard suivit un instant les gardes prenant place, puis elle s'intéressa de nouveau au jeune homme. Elle se rapprocha de quelques pas pour mieux entendre ce qu’il avait à lui dire.
Malgré tout ce qu’elle avait pu envisager, le fait qu’il soit là réellement en tant que client, la laissa un instant sans voix. Certes il ne désirait que se promener dans les jardins, mais tout de même, on allait le voir ici, dans son établissement. Voilà un gage de qualité qui ne manquera pas de faire venir de nouveau client, sa maison deviendra peut-être le nouvel endroit à la mode, où tout homme qui se respecte devra venir. Silencieusement Akemi lança une prière de remerciements aux divinités protégeant son commerce. Le Seigneur lui demanda d’être son guide, bien sûr qu’elle allait accepter, elle n’allait pas tous gâcher en lui envoyant une simple fille, non, non, comme il l’a demandé il mérite le meilleur.

« C’est avec une grande joie que je serais votre guide Seigneur, et je me ferais un plaisir de vous montrer tous les détails de notre jardin »

Ayant répondu et profitant du répit accordé, elle en profita pour détailler discrètement le jeune chef. Ma fois un bien bel homme, dans la force de sa jeunesse et sachant mettre celle-ci en valeur par ses tenues et son maintient, tout comme son rang d’ailleur. Mais était ce simplement un amoureux des jardins où venait-il ici pour un autre but ? Cette question vint de nouveau faire travailler l’esprit de la jeune femme. Elle le saurait au fil de la visite, patience donc.

Lorsqu'Akemi lui confirma qu'elle lui servirait de guide tout le long de sa présence dans ces lieux, Katsumoto sourit.

-Vous m'en voyez heureux.

Il contourna l'étang, et vint se poster en face d'Akemi. Il la regarda un moment, puis dit:

-Vous savez, bon nombre de mes gens ont fort parlé de votre établissement. Il semble que vous soyez un réel plaisir à visiter.

Il tourna la tête, et marcha silencieusement un moment. Il ferma les yeux, et se mit à écouter les sons environnants; le chant des rossignols sur les branches des arbres, le bruissement des arbres eux même, dont les feuilles virevoltaient doucement sous l'effet d'une petite brise. Il entendit les conversation au delà du jardin où il se trouvait, puis rouvrit les yeux, lentement mais sûrement. Il tourna ensuite la tête une nouvelle fois vers Akemi, et dit:

-Maintenant que je suis là, je les comprends mieux.

Il contempla pour une nouvelle fois le jardin dans lequel ils se trouvaient. Les fleurs minces et fragiles s'étiraient sur les branches de l'arbre ui se trouvait un peu plus loin, symbole de fragilité, et pourtant quelque chose en elles montraient une forte résistance à la force qui tentait de les arracher à leurs ''racines''. Un curieux contraste, qui, pourtant, envoutait nombre de personnes de toutes part.

-Je dois avouer que je suis jeureux de compter cet établissement parmi les ceux du clan Otori.

Il vint se replacer aux côtés d,Akemi, et dit:

-Commençons donc cette visite, voulez-vous?

Akemi s’inclina aux paroles positives que Katsumoto disait sur son établissement, par respect, mais aussi pour remercier. Cela la touchait-il d’entendre ces paroles ? Oui et non. Evidement qu’elle était fière, mais surtout elle pensait à toutes ses paroles qui ne manqueraient pas d’être répétée et qui irrésistiblement attireront les hommes, comme la douceur du miel attire les abeilles. Cette petite métaphore la fit sourire, sourire qui se laissa tracer par les lèvres sanguines de la jeune femme sur son pâle visage. Lorsqu’il se plaça à ses côté pour démarrer la visite elle s’inclina de nouveau et d’une voix claire annonça

« Si vous le permettez j’envoie une servante porter de l’eau fraîche à vos soldats. »

Un claquement de main fit apparaître une jeune femme dont ne sait où qui s’inclinant bien bas devant la maîtresse des lieux, et le Seigneur

« Shizu, apporte des rafraîchissements à l’escorte de Sri Otori »

Nouvelle inclinaison du buste, et la jeune fille disparut aussi vite qu’elle était arrivée. Akemi se tourna alors vers le jeune homme et dit

« Si vous voulez bien me suivre »

S’inclinant encore une fois elle tendit le bras vers un petit chemin, l’invitant à l’emprunter. Puis elle le suivit légèrement en retrait et le guida vers un bosquet d’arbres taillés en nuage, entourés de galets formant une mosaïque grâce à un jardinier y étant passé le matin avec un râteau pour former ces lignes artistiques.

« Voici le petit jardin zen, en effet si vous contournez le bosquet vous trouverez un petit banc en face d’une petite mare, le tout entouré de ces arbres en nuage et de ces galets peignés. »

D’un geste de la main, elle l’invita à s’y rendre, puis le suivit tranquilement. L'endroit ressemblait beaucoup à celui de tout à l'heure, celle la taille de la pièce d'eau et le remplacement de la pelouse par les galets indiquait qu'ils se situaient bien à un autre lieu du jardin.

Katsumoto suivit le chemin que Akemi lui indiqua. Jusqu'à maintenant, il en avait déjà assez vu pour aimer ce lieu. La suite s'annonçait prometteuse à ses yeux. Il avança sur le chemin, pas à pas, profitant de chaque vision qui s'offrait à lui dans la douceur de ce jour. Le silence réconfortant de ce lieu lui faisait du bien, celà le changeait fortement de tous les conseillers et les entrevues avec les habitants pour entendre leurs problèmes personnels. Autant son palais n'était jamais en silence une seconde, que cette endroit précis respirait ce même silence avec une profonde douceur à ses oreilles.

Il alla vers la petite marre, et contempla les poissons qui s'agitanet dans son eau cristalline. Au lieu des carpes de tout à l'heure, il voyait maintenant plusieurs poissons d'une espèce complètement différente. Au lieu de la couleur flamboyante des carpes, ces poissons présentaient une belle couleur argentée agrémentée de reflets or et bronze. Leur queue s'étira en un long voile derrière eux, comme s'ils portaient une tenu d'aparat traiant dans les vagues qu'ils produisaient en avançant.

Il reporta finalement son attention sur Akemi qui se tenait maintenant immobile à côté de lui, et dit:

-Je dois avouer que ce jardin est une pure merveille. J'aime beaucoup l'ambiance qui règne ici.

Il joignit les mains sous sa tunique, et recommença à marcher. c'était bien ce qu'il pensait: ce jardin était une pure merveille. Tout en marchant, il lança à Akemi, derrière lui:

-Continuons, je vous prie.

« Ce n’est qu’un jardin modeste, bon nombres de demeures aristocrates de la ville peuvent se vanter d’en avoir un bien plus beau que celui-ci »

Elle hocha la tête pour appuyer ses propos, et d’un geste de la main indiqua un nouveau chemin qui contournait un îlot de galets. Le chemin serpentait entre plusieurs bosquets composés de buissons à fleurs qui en cette saison étaient toutes écloses et attiraient le regard de leur couleur éclatante. Une grande pelouse s’étendit soudain devant leurs yeux, quelques grands pins ici et là pour l’ombre et la fraîcheur. Sur la pelouse de jeunes femmes étaient assises sur des coussins, papotant avec des hommes, de jeunes servantes allaient de groupes en groupes pour apporter rafraîchissements et collations ainsi que nouveaux coussins et éventails. Akemi continua sa route souriant aux clients qui la saluaient quand elle passait devant eux.

Elle s’arrêta à l’ombre d’un arbre, restant silencieuse attendant que Sir Otori décide. En attendant son regard allait de groupe en groupe vérifiant que tout se passait à merveille, ne voulant pas décevoir un client, ou pire provoquer un scandale. Elle vit ainsi que plusieurs paires d’yeux féminines cachées derrières les éventails brassant mollement l’air, s’était détourné des clients pour fixer le jeune homme. Un regard sévère les fit détourner, et ceux-ci retournèrent à leur travail. La maîtresse des lieux, nullement gênée de cette attention soudaine, s’en réjouissait au contraire. Qu’ils le voient et qu’ils annoncent la nouvelle, le Seigneur de la ville visitait sa maison.

Aujourd’hui était un bon jour et Akemi avait engagé une troupe d’acrobates réputés. Ceux-ci firent leur apparition au son d’instruments et aussitôt les discussions se turent pour mieux voir et entendre. Les artistes, conscient qu’ils se produisaient devant des gens de la haute société pour la plupart qui pourraient plus tard leur proposer un contrat, faisaient de leur mieux.

« Désirez-vous regarder le spectacle ou continuer la visite ? »

Katsumoto regarda Akemi un moment, puis les acrobates en train de faire leurs numéros. Il regarda un homme et une femme s'attacher par les mains pour faire une suite de pirouettes et de sauts acrobatiques, toujours liés l'un à l'autre. Finalement il dit:

-Je voudrais faire les deux, en fait.

Il tourna la tête vers la gérante de la maison, puis rajouta:

-Mais je souhaiterais d'abord regarder quelque peu le spectacle qui nous est offert.

Il regarda autoru de lui, et vit un petit banc quelques mètres plus loin. Il s'y dirigea, et alla s'asseoir sur le banc avec précaution. Il joignit ensuite de nouveau les mains, et commença à regarder le spectacle. Les gens s'écartèrent quelque peu pour qu'il ne manque aucun détail du spectacle, et les numéros s'enchaînèrent, les artistes donnant tout ce qu'il avaient de meilleur pour faire plaisir à leur seigneur. Le spectacle dura plusieurs minutes, émerveillant les autres spectateurs et faisant légèrement sourire de temps en temps le Seigneur Otori. Finalement, les acrobates se placèrent l'un à côté de l'autre, et s'inclinèrent profondément devant leur public. Tous applaudirent fortement, et le seigneur claqua également ses mains avec un léger sourire. Les troupes d'acrobates lui rapellaient son enfance. C'était sans doute pour cette raison qu'il appréciait leurs représentations.

Il se leva, et se tourna vers Akemi, qui s'était tenue, silencieuse, à côté du banc durant le spectacle. Il dit:

-Nous pouvons continuer la visite, je vous prie...

Akemi alla s'asseoir près de Katsumoto et regarda avec soins les numéros qui s'enchainaient. A la fin du spectacle elle applaudit elle aussi et d'un signe de tête montra son contentement aux artistes.
Mais déjà le Seigneur se levait, elle fit de même et écouta sa requête.

il ne restait plus qu'un endroit du jardin à découvrir, et c'est donc assez facilement qu'elle l'y conduisit. Par un petit chemin de gravillons, ils quittèrent la pelouse. Des buissons firent leurs apparitiions puis de hauts bambous. Finalement ils se retrouvèrent dans une petite forêt de bambous, au centre de laquelle se dressait un petit pavillon en bois, le pavillon de thé.

Simple par sa conception, il n'en dégageait pas moins un sentiment de calme, de tranquilité et d'apaisement. En le voyant on quittait ses mauvais sentiments pourne plus garder que les bons pour la cérémonie. Akemi se dirigea vers celui-ci et ouvrit la porte.
Une odeur de fleurs fraiches indiqua que les servantes venaient de les changer. Les yeux de la jeune femmes mirent quelques temps à s'abituer à la pénombre régant dans le pavillon, en effet, les volets avaient été laissé fermés.

Pestant silencieusement contre celles qui avaient mal fait leur travail, Akemi recula pour retourner au niveau du jeune homme.

"Voici notre pavillon de thé, c'est le dernier endroit de notre jardin"

Katsumoto entra à la suite d'Akemi, et observa tout en avançant la structure du bâtiment. Cet endroit respirait le calme et le soulageait, bien qu'il y règne présentement une certaine obscurité due au fait que les volets n'avait pas été ouverts. Il regarda finalement Akemi qui venait de se retourner vers lui, et il lui répondit:

-Eh bien dans ce cas, voudriez vous bien me faire profiter de cet endroit?

Il alla s'asseoir sur un des coussins disposés sur le sol, et continua:

-Cet endroit serait sans doute de bien meilleure allure si il y avait un peu de lumière.

Il sourit doucement, puis reprit son observation sur la pièce. Il regarda la petite table devant lui, avec un beau bouquet de fleus posées récemment sur elle, s'il se fiait à l'odeur qu'elles dégagaient. Les couleurs de la pièce devaient être fort belles, de ce qu'il distainguait dans l'obscurité présente. Mais il en voyait déjà suffisamment pour savoir que le pavillon présentait plusieurs mélanges de couleurs autant vives que ternes, et se mélangaient très bien les une aux autres. Il reporta finalement son attention sur la maîtresse de la maison, et attendit qu'elle agisse.

Par ailleurs, cet endroit ne quitterait pas sa mémoire de sitôt, il en était sûr. Mais s'il lisait bien l'heure dans la luminosité qu'il y avait à l'extérieur, il allait devoir bientôt partir pour revenir à son palais, même s'il avait suffisamment apprécié sa visite ici.

[Désolée pour l'attente]

Akemi entra à la suite de Katsumoto et lui indiqua des coussins disposés pour s'asseoir, à sa demande elle se déplaça vers les fenêtres et ouvrit tour à tour les volets.
La lumière se précipita alors à l'intérieur dans un violent flot de rayons lumineux qui après avoir éclairés seuelement quelques coins, emplissait tout l'espace et permettait ainsi l'observation à loisir de l'intérieur. Les murs révélèrent leurs chatoyantes couleurs, vives ou pâles, mais harmonisées avec soin.

Se rapprochant d'un petit meuble disposé dans un coin, la jeune femme l'ouvrit soigneusement et en sortit un petit écrin placé ici par une des servantes sous son ordre donné juste avant le début de la promenade. Refermant le coffre, elle alla s'asseoir en face du Seigneur Otori et lui annonça

"Pour vous remercier de nous avoir fait l'honneur d'une visite en ce lieu, je tenais à vous remettre ceci."

S'inclinant, touchant le parquet de son front, elle fit glisser l'écrin jusqu'à Sir Otori pour qu'il le prenne.

[Bon, je crois que maintenant c'est à moi de faire des excuses pour le retard...^^]

Katsumoto regarda l'écrin, et tendit le bras. Il le souleva de la main droite, puis le prit avec son autre main pour le stabiliser. Il le porta jusqu'à lu, et regarda Akemi. Il sourit imperceptiblement, puis il ouvrit l'écrin en douceur. Il y découvrit un objet caché, enveloppé dans un bout de tissu rouge éclatant, qu'il écarta. Il découvrit finalement dans le coffret un pendentif enroulé sur lui même, qu'il sortit délicatement de son contenant. Le tenant par la chaîne du bout des doigts, il l'observa minutieusement, puis regarda le sigle de l'établissement coulé dans le bronze et incrusté au pendentif lui-même.

Il replaca le pendentif dans l'écrin, qu'il recouvrit de son emballage de tissu. Il appela quelqu'un, et un des gardes qui montaient la garde et qui les avaient suivis tout le long de la visite ouvrit le paravent. Après s'être incliné aussi bas que lui permettait son armure, et avança en regardant le sol, et prit élicatement la bîte que lui tendit son seigneur.

-Va le placer su mon cheval. J'arrive dans un moment.

Le soldat s'inclina, et ressortit en silence de la pièce. Katsumoto retourna son attention sur la dirigeante de la maison, qui était toujours inclinée au sol, et lui dit:

-Vous pouvez vous asseoir.

Lorsqu'elle se fut exécutée, il dit:

-Il me reste suffisamment de temps pour prendre un peu de thé avant de partir. Mais ce sera tout, car je me dois de rentrer au château.

Il attendit une réaction de la part d'Akemi.

A ces paroles, Akemi s'executa aussitôt. Ranimant les braises du fourneau placé au centre du pavillon, elle alla ensuite sortir d'une armoire le nécessaire. La théière déjà préalablement remplie d'eau fu placée sur le foyer, et d'une petite cuillère argentée, la jeune femme mit du thé dans deux tasses.
La théière laissa passer un petit sifflement, signe que l'eau était fin prête. Akemi remplit alors les tasses, puis saisissant un pillon, battit les feuilles pour former un mélanges légèrement mousseux.
Enfin elle passa la tasse au Seigneur. Tout ceci avait été fait dans le plus grand silence, et maintenant la jeune femme attendant le verdict.

[désolée, je n'ai vraiment rien d'autre à dire ]

[Nan ça va^^]

Katsumoto prit délicatement la tasse qu'Akemi lui tendait, et il but en silence. Lorsqu'il eut terminé de boire le liquide contenu dans sa tasse, le seigneur Otori reposa celle-ci sur la table devant lui. Il se retourna vers Akemi, et dit finalement après un moment de silence:

-Je vais maintenant devoir m'en aller. Soyez assurée que j'ai apprécié cette visite.

Il se leva, et rajouta:

-Je ne manquerai pas de revenir un autre jour.

Il inclina légèrement la tête pour saluer la propriétaire de l'établissement, et sortit de la pièce. Les deux gardes qui surveillaient les alentours, postés derrière la porte, le suivirent sans un son. Ils marchèrent jusqu'à l'entrée avant de la place, où ils rejoignirent les autres soldats de l'escorte, qui se relevèrent et s'inclinèrent lorsque leur seigneur passa devant eux. Ils montèrent en selle, et Katsumoto regarda sur le côté de sa monture. Il y vit le petit écrin contenant le pendentif qu'Akemi lui avait offert. Il regarda finalement la Maison des Plaisirs un dernier moment, puis il fit faire demi tour à sa monture, et s'engagea dans le chemin du château.

Suite---> Palais des Otori
[Bon, on se reverra sans doute une autre fois^^]